L'épreuve du joual québécois
Pauvres français. Lors d'un autre article, je faisais une réflexion sur le non patriotisme des français: je crois que je le comprends de plus en plus. Ils n'ont pas de chance. Cette réputation de connards leur colle à la peau. Il faut dire, parfois, on ne peut pas nier qu'ils la méritent bien. Cela dit, comme pour tout et n'importe quoi, il faut toujours voir plus loin, ce qui semble être difficile pour les québécois exilés à Lyon. Toujours à critiquer les français, parfois je me dis qu'au fond, on est pas mieux qu'eux. On ne sait pas voir plus loin que le bout de notre nez.
"Depuis que je suis ici, j'ai de la difficulté à aimer les français. Je les haïs esti! Je les haïs de me reprendre à chaque fois que j'utilise pas la même expression qu'eux. C'est évident qu'ils me comprennent si je dis laveuse au lieu de machine à laver! Surtout s'il se permet de me reprendre, il avait comprit! Ça sert à quoi de toujours vouloir nous rabaisser parce qu'on parle pas exactement comme eux? Non moi j'te dis, je les haïs."
- Une québécoise
Alors à ça je réponds: oui, mais. Un MAIS en majuscule même. Il y a plusieurs types de français selon moi. Non pas que ce soit bien de catégoriser les gens comme ça, mais je pense que par rapport à leur relation avec la langue française, ce soit inévitable.
Les désagréables: Il y a ceux qui nous choque. Qui te provoquent ouvertement et qui sont carrément convaincus qu'en fait, la seule vraie langue française est celle de France et que quiconque utilisant des expressions différentes parlent un dérivé du français. Cette idée du français "standard". Ceux-là, pas la peine d'argumenter, pas la peine de s'essouffler, c'est ce qu'on appelle le dialogue de sourds. Oui ça choque, oui ça nous donne envie de leur donner quelques claques, mais il faut arriver à passer pardessus ça. S'ils se ferment à la diversité culturelle, c'est bien leur problème et ce n'est certainement pas en 6 petits mois que nous réformerons quoique ce soit. D'autant plus que nous ne sommes pas les seules victimes: demandez aux belges et aux suisses ce qu'ils en pensent!
Les "ignorants" sans méchancetés: Les français qui nous énervent, mais qui n'ont aucun malice. C'est-à-dire ceux qui, réellement, ne connaissent rien au Québec, ni rien au Canada d'ailleurs et qui ne s'y sont jamais intéressés. Pour nous, cela semble impensable. Comment pourrait-on passer à côté de la seule colonie de peuplement que la France aie jamais eu? On est inter-reliés, c'est impossible de ne pas s'en rendre compte! Alors, quand on se fait demander innocemment "Ah, tu es venu en France pour apprendre le français?", oui, sur le coup, ça fait mal. Cependant, il faut le voir autrement. Ces français là ne réfléchissent pas avant de parler. Ou alors ces français là n'ont jamais entendu parler de la francophonie canadienne. En tous les cas, ne soyez pas insultés, ils ne vous disent pas ça pour vous emmerder. C'est de la pure innocence. C'est dommage pour eux, de ne pas connaître un peu plus le monde de la francophonie, mais il faut bien admettre que le Canada est particulier avec ses deux langues officielles. Puis, il ne faut pas oublier que le Canada est souvent vu par les français comme l'Estonie est vu par les canadiens: c'est-à-dire comme un pays lointain et nordique, that's it, that's all. Faut arrêter de croire que le Canada est en avant sur la map internationale, ce n'est pas si vrai que ça.
Les "gentils", qui ne sont pas si minoritaires que ça: Et oui, finalement, il y a ceux qui n'ont pas de malices et qui sont tout simplement intéressés à en savoir plus, tout comme ils seraient intéressés à en savoir plus sur le Zimbabwe. Ou alors ils s'y connaissent déjà pas mal (sont déjà allés?), adorent la chaleur québécoise et se plaisent à échanger avec vous sur les différences franco-québécoises. Ils vous poseront des questions peut-être un peu niaises de votre point de vue ("Au Québec, vous avez aussi des écrans plasma?"), mais qui au fond ne se veulent ni moqueuses, ni méchantes. Quant à la langue française, avec eux, il y a possibilité d'aller plus loin que "Ahah, vous utilisez le mot "décadent", c'est n'importe quoi!". Avec eux, la mauvaise foi est mise de côté: ils ont conscience des forces et des faiblesses des français et acceptent volontier le fait que le québécois, ce n'est pas du québécois, mais du français. C'est sur ces français là qu'il faut porter notre attention. C'est avec ceux-là qu'on peut créer des liens et en arriver à un second degré, celui ou on oublie que l'autre possède un accent différent du nôtre.
Je conclue donc là-dessus: quand on voyage et qu'on décide d'aller s'imprégner d'une culture différente de la nôtre, il faut accepter que ce ne sera pas facile. Pas la même nourriture, pas la même architecture, pas la même mode... et surtout pas les mêmes gens. Logique, mais pas tant que ça quand on se fait une idée trop stéréotypée avant de partir. Si on s'accroche aux clichés qu'on aime tant entretenir, ils auront du mal à s'éteindre une fois sur place. Après avoir eu quelques expériences de chocs entre québécois/français, je peux maintenant l'affirmer: oui, les français sont parfois chiants, mais les québécois sont très très trèèèès fiers. Discuter avec des gens qui se disent ouverts mais qui au fond jugent plus vite que leur ombre et qui se ferment dès qu'une petite critique leur ait adressé, ce n'est pas facile. Nous ne sommes pas des anges. Nous sommes peut-être plus chaleureux que les français, un peu plus accessible, mais seulement envers ceux qui portent un "bon" intérêt au Québec. Or, ces personnes que l'on juge "digne d'intérêt" ne sont pas si nombreuses que ça à travers le monde.
Alors, calmez vos ardeurs, amis québécois. Les français sont aussi chiants que vous pouvez l'être.
"Depuis que je suis ici, j'ai de la difficulté à aimer les français. Je les haïs esti! Je les haïs de me reprendre à chaque fois que j'utilise pas la même expression qu'eux. C'est évident qu'ils me comprennent si je dis laveuse au lieu de machine à laver! Surtout s'il se permet de me reprendre, il avait comprit! Ça sert à quoi de toujours vouloir nous rabaisser parce qu'on parle pas exactement comme eux? Non moi j'te dis, je les haïs."
- Une québécoise
Alors à ça je réponds: oui, mais. Un MAIS en majuscule même. Il y a plusieurs types de français selon moi. Non pas que ce soit bien de catégoriser les gens comme ça, mais je pense que par rapport à leur relation avec la langue française, ce soit inévitable.
Les désagréables: Il y a ceux qui nous choque. Qui te provoquent ouvertement et qui sont carrément convaincus qu'en fait, la seule vraie langue française est celle de France et que quiconque utilisant des expressions différentes parlent un dérivé du français. Cette idée du français "standard". Ceux-là, pas la peine d'argumenter, pas la peine de s'essouffler, c'est ce qu'on appelle le dialogue de sourds. Oui ça choque, oui ça nous donne envie de leur donner quelques claques, mais il faut arriver à passer pardessus ça. S'ils se ferment à la diversité culturelle, c'est bien leur problème et ce n'est certainement pas en 6 petits mois que nous réformerons quoique ce soit. D'autant plus que nous ne sommes pas les seules victimes: demandez aux belges et aux suisses ce qu'ils en pensent!
Les "ignorants" sans méchancetés: Les français qui nous énervent, mais qui n'ont aucun malice. C'est-à-dire ceux qui, réellement, ne connaissent rien au Québec, ni rien au Canada d'ailleurs et qui ne s'y sont jamais intéressés. Pour nous, cela semble impensable. Comment pourrait-on passer à côté de la seule colonie de peuplement que la France aie jamais eu? On est inter-reliés, c'est impossible de ne pas s'en rendre compte! Alors, quand on se fait demander innocemment "Ah, tu es venu en France pour apprendre le français?", oui, sur le coup, ça fait mal. Cependant, il faut le voir autrement. Ces français là ne réfléchissent pas avant de parler. Ou alors ces français là n'ont jamais entendu parler de la francophonie canadienne. En tous les cas, ne soyez pas insultés, ils ne vous disent pas ça pour vous emmerder. C'est de la pure innocence. C'est dommage pour eux, de ne pas connaître un peu plus le monde de la francophonie, mais il faut bien admettre que le Canada est particulier avec ses deux langues officielles. Puis, il ne faut pas oublier que le Canada est souvent vu par les français comme l'Estonie est vu par les canadiens: c'est-à-dire comme un pays lointain et nordique, that's it, that's all. Faut arrêter de croire que le Canada est en avant sur la map internationale, ce n'est pas si vrai que ça.
Les "gentils", qui ne sont pas si minoritaires que ça: Et oui, finalement, il y a ceux qui n'ont pas de malices et qui sont tout simplement intéressés à en savoir plus, tout comme ils seraient intéressés à en savoir plus sur le Zimbabwe. Ou alors ils s'y connaissent déjà pas mal (sont déjà allés?), adorent la chaleur québécoise et se plaisent à échanger avec vous sur les différences franco-québécoises. Ils vous poseront des questions peut-être un peu niaises de votre point de vue ("Au Québec, vous avez aussi des écrans plasma?"), mais qui au fond ne se veulent ni moqueuses, ni méchantes. Quant à la langue française, avec eux, il y a possibilité d'aller plus loin que "Ahah, vous utilisez le mot "décadent", c'est n'importe quoi!". Avec eux, la mauvaise foi est mise de côté: ils ont conscience des forces et des faiblesses des français et acceptent volontier le fait que le québécois, ce n'est pas du québécois, mais du français. C'est sur ces français là qu'il faut porter notre attention. C'est avec ceux-là qu'on peut créer des liens et en arriver à un second degré, celui ou on oublie que l'autre possède un accent différent du nôtre.
Je conclue donc là-dessus: quand on voyage et qu'on décide d'aller s'imprégner d'une culture différente de la nôtre, il faut accepter que ce ne sera pas facile. Pas la même nourriture, pas la même architecture, pas la même mode... et surtout pas les mêmes gens. Logique, mais pas tant que ça quand on se fait une idée trop stéréotypée avant de partir. Si on s'accroche aux clichés qu'on aime tant entretenir, ils auront du mal à s'éteindre une fois sur place. Après avoir eu quelques expériences de chocs entre québécois/français, je peux maintenant l'affirmer: oui, les français sont parfois chiants, mais les québécois sont très très trèèèès fiers. Discuter avec des gens qui se disent ouverts mais qui au fond jugent plus vite que leur ombre et qui se ferment dès qu'une petite critique leur ait adressé, ce n'est pas facile. Nous ne sommes pas des anges. Nous sommes peut-être plus chaleureux que les français, un peu plus accessible, mais seulement envers ceux qui portent un "bon" intérêt au Québec. Or, ces personnes que l'on juge "digne d'intérêt" ne sont pas si nombreuses que ça à travers le monde.
Alors, calmez vos ardeurs, amis québécois. Les français sont aussi chiants que vous pouvez l'être.