No Impact Man

Publié le par Karine

http://images.indiebound.com/888/222/9780374222888.jpgJe viens de terminer la lecture du livre « No Impact Man », de Colin Beaver. Et, tenez-vous bien, j’ai beaucoup de choses à dire. Tout d’abord, qu’est-ce que le No Impact Project? Tout commence avec cet écrivain historien, qui en a marre d’assister à la détérioration de l’environnement. Il se sent inutile, sans voix, sans possibilité d’actions. Il se sent déprimé de ne rien pouvoir faire. Alors, il décide d’agir. D’aller à l’encontre de cette impression de n’avoir aucun pouvoir. Il décide d’être l’homme sans impact. Sans impact sur l’environnement. Pendant un an.

Imaginez-vous. N’avoir aucun impact sur l’environnement pendant un an implique énormément de contraintes. Zéro impact, ça veut dire aucun déchet (fini les sacs de plastiques, fini le carton, fini quoique ce soit qui finirait dans un dépotoir), ça veut dire pas d’émissions de gaz carboniques (donc pas de voiture, pas d’avion, pas de taxi). Pas de nourriture « intoxiquée » par les engrais et aucun aliment venant de plus de 250 miles à la ronde. Ça veut aussi dire pas d’électricité, aucun achat de quoique ce soit de neuf. Ça veut dire éviter d’intoxiquer l’eau avec du shampoing ou du savon non biodégradable. Etc. Etc. Ce que ça implique, c’est énorme. Ce n’est pas seulement d’arrêter l’impact négatif que l’on peut avoir, comme individu, sur l’environnement. C’est aussi de changer complètement notre mode de vie. C’est de passer d’un mode de consommateur à un mode de simplicité volontaire. C’est d’accepter d’utiliser moins. Et la grosse question que ce livre oblige à poser c’est : est-ce que parfois moins, c’est plus? 

Dieu sait que je ne suis pas friande de ce genre de lectures moralisatrices, qui nous accusent d’être les seuls auteurs de notre mort prochaine et de la décadence de notre planète. Ce qui est différent avec Beaver, cependant, c’est qu’il n’y  a pas cet aspect autoritaire et accusateur que l’on retrouve en général au sein des mouvements environnementalistes. Au contraire, il s’utilise lui-même pour faire passer son message, sans pour autant accuser qui que ce soit et sans prétendre un seul instant que de changer son mode de vie est facile. C’est, en fait, avec humour qu’il réussit à attirer l’attention sur, non pas seulement la pollution environnementale et l’effet de serre, mais surtout sur notre façon de vivre, sur notre société.

Avec raison, le voilà qui se questionne. Avons-nous vraiment besoin d’une télévision ou d’une voiture? Il admet que son projet tourne vers l’extrême, mais il souligne tout de même à quel point sa famille semble se sentir plus heureuse, plus libre, à mesure que le projet avance. Le plus intéressant dans tout cela, c’est vraiment la courbe que l’on peut observer de  son expérience. Tout d’abord, couper sa consommation, manger mieux, se promener en bicyclette, tout cela leur permet de se sentir mieux avec eux-mêmes. Puis, à mesure que le projet avance, ça se corse. Moins c’est plus. Jusqu’à ce qu’on arrive à la nécessité de laver ses vêtements dans son propre bain  (puisqu’on dit non à la machine à laver) ou jusqu’à ce qu’on en soit à manquer de lumière puisque les jours se raccourcissent et que les saisons changent (puisque non à l’électricité) ou encore lorsque l'on doit annoncer à sa mère que l'on ne viendra pas la visiter pour Thanksgiving (puisque l'avion, le train ou la voiture, c'est interdit). Ainsi, moins c’est plus, jusqu’à ce que ça redevienne moins.

À quoi faut-il donc renoncer? Que faut-il conserver? De quelle manière pouvons-nous réellement faire une différence? C’est une belle façon, peut-être un peu extrême, de nous obliger à s’interroger sur la meilleure façon de vivre et sur la meilleure manière d’y arriver. Beaver le rappelle d’ailleurs, en conclusion : en réalité ce qui importe, qu’est-ce que c’est? C’est de vivre ensemble. C’est de partager, c’est l’humanité de cette planète. « When I take my last breath, will there be a wish that I had more stuff? » Probablement pas. La seule raison pourquoi ce livre ne peut pas se ranger aux côtés des autres livres à tendance moralisatrice, c’est cette phrase. Cette idée qu’au final, ce qui compte, c’est d’être heureux ensemble. Quête qui évidemment, ne sera jamais atteinte, mais pour laquelle on peut prendre certaines actions afin d’accélérer le processus. 

L’ouvrage n’est pas parfait. J’ai trouvé dommage l’idée véhiculée qu’il faut simplement arrêter d’utiliser le carton ou le papier par exemple. Parce qu’il ne faut pas non plus se voiler la face. Il y a des choix à faire. Que préférons-nous? Le béton, le pétrole, le plastique? Ou alors des ressources renouvelables comme la forêt? Non pas qu’il faut encourager la déforestation et les coupes à blanc, mais il faut quand même se rappeler que chaque année, des millions, voir des milliards d’arbre sont plantés, au même titre qu’ils sont coupés. Mon point est le suivant : l’utilisation de l’extrême pour attirer, faire comprendre aux gens ce que l’on attend d’eux pour changer quelque chose, c’est compréhensible. Seulement, le réalisme est de mise. Oui à la modération, oui au changement de mode de vie. Mais non au refus de tout.

J’ai aussi trouvé dommage la conclusion de ce livre. Au final, il nous appelle au changement, nous rappelle que c’est mal de penser qu’on ne peut rien changer individuellement. Pas qu’il ait tort, mais j’ai été déçue de me retrouver devant une telle conclusion, alors que je venais de lire un livre complet qui implique cet état de fait implicitement, de manière si humoristique et si subtile que l’impact en était d’autant plus grand. Il est dommage de toujours tout vouloir expliciter, de toujours finir par tirer une morale de l’histoire. Morale que tout un chacun arrive à comprendre sans avoir à le lire noir sur blanc. Cela dit, je comprends qu’il en ait ressenti le besoin. Et je suis relativement d’accord avec le message qu’il lance : le collectif et l’individuel ne sont pas deux aspects distincts, ils sont interreliés.

Alors, si vous n’avez rien à faire pendant les vacances, No Impact Man est une bonne idée de lecture. Sur ce, je je m’en vais de ce pas éteindre la lumière.

Publié dans Prose & Poésie

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L
<br /> <br /> A priori c'est le genre de livre que je n'aurais pas ouvert, mais je reocnnais que tu en parles bien<br /> <br /> <br /> <br />
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